Le matériel nécessaire
Pour réaliser une grille de point de croix, il vous faudra :
- une toile aïda ou une toile de lin vierge (achetée en mercerie soit en coupon, soit au mètre)
- des aiguilles
- des fils (appelés échevettes)
- un petit ciseaux
- un tambour à broder
- un modèle
Les toiles
Les tissus existent de plusieurs composition(lin,coton,soie) de plusieurs couleurs et de plusieurs
dimensions. Le mieux, pour les débutantes, amenez votre modèle dans une mercerie et demandez au vendeur la dimension qu’il vous faudrez pour le faire.
Les aiguilles
Sachet de 5 aiguilles à broder à bouts ronds, acier nickelée, ne rouille pas. Plus les numéro sont élevés, plus l’aiguille est fine. Nous recommandons cependant le numéro:
le n°20 à 24 pour broder sur toile aïda avec le mouliné spécial.
Le n°22 pour le Hardanger
le n°18 pour broder un canevas avec les cotons retors de DMC
le n°16 pour la laine à canevas
le n°10 pour une broderie traditionelle
le n°7 ou plus fin, pour une broderie blanche
Les fils (échevettes)
Composé de 6 brins que l’on peut dédoubler en fonction de la finesse de l’ouvrage. Moi, personnellement, je ne prend qu'un fil que, finalement, je double. Cela fait des économies d’échevettes, surtout si l’ouvrage est grand à faire. Les couleurs que vous devez utiliser sont inscrites sur le modèle que vous avez choisi.
Un tambour à broder
Le plus classique, c’est le tambour simple. C’est celui qui est couramment utilisé. Il est réglable par vis laiton pour s’adapter aux différentes épaisseurs de tissus. Existe en 10 cm – 15 cm – 17 cm –25 cm – 30 cm
Ensuite, il existe un tambour de table. Idéal pour celles qui ont des problèmes de dos ou de cervicales. Un serre joint permet de fixer l’ensemble sur le bord d’une table. Il existe trois dimensions de ce tambour : 18 cm – 25 cm – 30cm
Enfin, il existe un tambour sur pieds.
La technique
Les 3 règles
Le devant de la toile doit être aussi net que le derrière de la toile une fois que le motif est posé dessus, c’est à dire, que l’on peut deviner aussi bien le motif en le regardant de devant que de derrière
- Ne jamais faire de nœud (pas comme le canevas) pour terminer son aiguillée
- Les aiguillées doivent toujours être faites dans le même sens
Déterminer le centre d’un ouvrage
Il est souvent conseillé de commencé la broderie par le centre. Avec cette méthode, cela diminue les risques de se retrouver avec un ouvrage décentré, voire incomplet. Pour déterminer le centre d’une toile, pliez celle-ci en quatre et marquez l’intersection des pliures avec une épingle. Pour une surface à broder (bande sur une serviette, poche sur un sac, etc…), mesurez la hauteur et la largeur ce celle-ci et marquez l’intersection de ces mesures. Le centre du diagramme est, lui, le plus souvent indiqué par deux flèches, il se trouve à leur intersection.
Pour commencer une aiguillée
Etant donné que les échevettes comptent 6 fils, je vous conseille de ne prendre qu’un seul fil et de le doubler. Pour commencer une aiguillée, laissez dépasser environ 2 cm de fil au dos de l’ouvrage et brodez vos premiers points par dessus pour le bloquer. Le point de croix se réalise en deux étapes. l'aller se fait en brodant une rangée de points en diagonale (demi-points), le retour s'effectue par-dessus en brodant dans l'autre diagonale. Lorsqu'une rangée est finie, passez à la suivante et ainsi de suite par zone de couleur. Faites attention à toujours broder vos points dans le même sens pour obtenir une surface bien régulière. Cette méthode est idéale pour broder les zones d'aplat : pour les points isolés, brodez chaque croix individuellement.
C'est un principe de base : en broderie, on ne fait jamais de noeud.
Pour terminer, vous glisserez votre aiguillée sous quelques points déjà brodés. Pour passer d'un motif à un autre, vous éviterez de lancer le fil au dos de l'ouvrage au-delà de 1 ou 2 cm, ceci pour éviter de voir les fils en transparence et avoir un travail plus propre sur l'envers. L'idéal est de glisser le fil sous les points déjà brodés.
Les différents points
Le point de croix successif : utilisée pour une rangée de points de même couleur. Il se réalise en deux fois : la moitié du point est brodée d’un bout à l’autre de la rangée, le retour s’effectue par dessus en bordant dans l’autre diagonale, afin de faire une croix complète.
Le point de croix isolé : on utilise ce point lorsqu’on a qu’un seul point à faire. Faire un point de la gauche vers la droite puis repiquer dans le trou de fin et de faire repasser son fils de la droite vers la gauche en le faisant passer par dessus le point que vous venez de faire à l’instant. Ainsi, vous obtiendrez une croix.
Le demi-point : Le demi-point s’effectue de la gauche vers la droite mais, comme l’indique son nom, ce n’est qu’un demi-point. C’est à dire qu’on ne refera pas passer un autre fil dessus pour faire une croix complète. On ne brode ce point que dans une seule diagonale. Généralement, ce type de point est utilisé pour donné « un effet de transparence », de relief par rapport au point de croix.
Le quart de point : ces points s’orientent dans n’importe quel sens et sont fréquemment utilisées pour faire des contours de visages.
Le lavage et le repassage de la toile
Evitez tout contact de votre ouvrage avec des produits chimiques.(pas de produit type Scotch Guard).
Ne faites pas de nettoyage à sec. Les produits chimiques employés peuvent être granuleux et provoquer des réactions à long terme. Si l’ouvrage est perdu chez le teinturier, vous ne serez remboursés que du prix des fournitures. Quelques matières (comme la laine ou la soie) peuvent exiger un nettoyage à sec. Si c’est le cas, assurez-vous de la réputation du teinturier auquel vous vous adressez, et ayez une longue conversation avec lui sur sa façon de procéder au nettoyage.
Lavez à la main chaque ouvrage séparément à l’eau froide ou tiède. Pour les pièces particulièrement délicates, utilisez de l’eau distillée à température ambiante . Pour laver, utilisez un produit à pH neutre, sans agent blanchissant. N’utilisez ni produit tel que Woolite, ni détergent puissant, ni chlore. Laissez tremper l’ouvrage pendant quelques minutes. Rincez soigneusement mais sans frotter ni essorer. Si l’eau a tendance à se colorer, répétez les rinçages jusqu’à ce que l’eau soit transparente. Certaines personnes ajoutent du vinaigre dans l’eau afin d’éviter la décoloration.
Retirez l’ouvrage de l’eau et posez le sur une serviette éponge blanche, propre. Roulez-la sur elle-même pour enlever l’excédent d’eau. Placez l’ouvrage humide sur une double épaisseur de serviettes, (l’endroit contre la serviette) et repassez avec un fer sur position « laine » ou « lin » jusqu’à ce que la broderie soit sèche. Essayez de ne pas faire d’allées et venues avec le fer. Cette méthode de séchage permet d’éviter irrégularités et faux plis. Laissez l’ouvrage à l’air libre pendant 24 heures avant de procéder à l’encadrement.
5)Quelques liens :
http://www.coudre-broder-tricoter.com
http://www.activites-manuelles.com
http://www.canevas.com
Qui eut l’idée le premier de croiser 2 fils, puis d’aligner toutes ces petites croix pour former un dessin ?
Les fragments les plus anciens datent de 850 après J.C. et viennent d’Asie centrale. Mais c’est au Moyen Âge que commence la véritable histoire du point de croix. Il est prouvé qu’entre le Xème et le XIIIème siècle les châtelaines, dans leurs attentes interminables, copiaient au point de croix les motifs des tapis que leurs époux, entre 2 croisades, ramenaient d’Orient. Les broderies étaient des bordures ornementales, naturellement géométriques, des ourlets et des manches de vêtements masculins et féminins.
A l’époque de la Renaissance, le point de croix se répand dans tout l’Europe et devient une des bases de l’éducation féminine, favorisée par l’Eglise, grande consommatrice pour ses propres ornements, de broderies en tous genres. C’est alors que naît le sampler ou marquoir, un morceau de tissu sur lequel les jeunes filles s’exercent à broder des grecques, des fleurs et des symboles religieux. Les marquoirs restent dans le patrimoine familial de génération en génération, s’accumulent et finissent par former de véritables encyclopédies que l’on consulte pour trouver le motif le plus adapté au travail du moment.
Le plus souvent en lin, ils sont brodés avec des fils de soie ou de laine, ton sur ton, le coton étant encore très rare en Europe et les couleurs très peu nombreuses dans le commerce. Les dessins sont disposés au hasard et les samplers n’ont pas encore cet aspect de tableau qu’ils auront par la suite.
En 1500 commencent à circuler les premiers schémas imprimés. Ils viennent essentiellement d’Allemagne et d’Italie, et en 1586, on publie en France "La clef des champs", un livret contenant des motifs de fleurs et d’animaux stylisés s’inspirant de l’Orient et des symboles héraldiques.
Au XVIIème siècle, éclate la "révolution rouge", provoquée par l’arrivée en Europe, provenant d’Amérique, de nouveaux colorants naturels, économiques et faciles à utiliser, qui permettent de teindre les fils en rouge. Toutes les broderies au point de croix deviennent alors rouges sur fond blanc. Les femmes commencent à apprendre à écrire et le marquoir, avec un, deux, trois, jusqu’à 6 alphabets différents, est une manière de s’exercer. Autour des lettres, des fleurs et surtout des symboles sacrés bien agencés : le marquoir commence à prendre une forme de tableau.
Au XVIIIème, les dessins s’affinent et se compliquent, moins stylisés mais plus réalistes, et dans la deuxième moitié du siècle les premiers paysages apparaissent.
Au XIXème siècle, favorisé par le développement de l’industrie textile et de la diffusion des journaux féminins et surtout des schémas colorés à la main sur une base quadrillée, le point de croix devient la passion du siècle, matière enseignée dans les écoles et passe-temps des femmes de tous âges et de toutes classes.
Pour la première fois, on produit les canevas Pénélope qui avec leur trame particulière incitent à broder aussi à petit et demi-point. En 1886, Thérèse de Dillmont, aristocrate viennoise, déjà membre de l’Académie de la Broderie de l’impératrice Marie-Thérèse, et fondatrice d’une école de broderie avec atelier et publications, s’associe à Jean Dollfus, grand industriel du textile, dont la maison DMC est arrivée intacte jusqu’à nous.Traduite en 17 langues, l’encyclopédie de Thérèse se vend à 2 millions d’exemplaires. Mais la fin du siècle marque aussi la fin du point de croix.
Il disparaît soudain des trousseaux et des salons pour ne plus exister que dans les écoles pour encore quelques années. Les femmes lui préfèrent d’autres points plus libres qui permettent de copier les volutes et les fioritures des motifs Liberty et se découvrent un nouvel engouement pour la broderie blanche qui durera jusqu’à la deuxième guerre mondiale.
Et puis, la femme s’est engagée dans les grandes luttes du siècle qui vont l’amener à l’égalité juridique et morale avec l’homme ; elle n’a plus le temps ni l’envie de broder, et sans doute un peu honte de cette activité trop féminine.
Dans les années 80, le point de croix fait un retour en force avec des dessins frais, tendres réalistes ou drôles. C’est de nouveau le coup de foudre.
Source : Extrait de L’encyclopédie du point de croix (Prima Donna Éditions)
Photos: Christine .P
Noelle notre mercière